Est-ce que l’on choisit son métier ou est-ce que l’on est choisi?
Je ne saurai pas dire exactement à quel moment j’ai su que je serai potière.
J’ai en mémoire les ateliers poterie de mon enfance chez Jean-Yves Chevilly, le premier contact avec la douceur de la porcelaine.
Le temps qui s’évapore quand on a les mains dans la barbotine.
L’année de mes 16 ans, j’ai vu une démonstration de tournage lors d’un forum des métiers.
La fascination devant la terre qui monte comme par magie, la beauté du geste…
Je me suis orientée pour un CAP tournage en céramique au Lycée de la Céramique Henri Moisand à Longchamp.
Par la suite, j’ai complété ma formation en étudiant la recherche d’émail et les conduites de cuissons au CNIFOP.
Des rencontres lors de mes différents stages ont fait naître des amitiés et des collaborations qui perdurent encore à ce jour.
J’ai notamment eu la chance de travailler plusieurs années au contact de Sylvie Wlotkowski, à qui je dois beaucoup. Je me remémore régulièrement ses conseils lorsque je travaille à l’atelier. Et je m’appuie sur ce qu’elle m’a transmis pour transmettre à mon tour lorsque je donne cours.
Comment est née l’envie de voyage?
C’est la rencontre avec Gas Kimishima qui a confirmé mon engouement pour l’argile et le voyage. La chance de découvrir la céramique japonaise au contact d’un maître a changé mon approche des choses.
J’ai saisi pour la première fois comment une culture et une éducation pouvaient influencer la création.
Curieuse de nature, j’ai rêvé d’aller à la rencontre des potier.es à travers le monde.
Si le progrès fait inexorablement disparaître des savoirs-faire et des gestes, à défaut de changer le cours des choses, il m’a été possible de glaner un maximum de techniques et d’inspirations. Ou comment j’ai appris à regarder avec d’autres yeux.
Petit à petit, j’ai organisé mes voyages me permettant de m’immerger à la fois dans une culture et d’y apprendre toujours un peu plus mon métier.
Ainsi j’ai passé plusieurs mois en République Tchèque et en Egypte.
Quel impact a eu l’expérience en Egypte?
J’ai appris énormément au contact d’Evelyne Porret et Michel Pastore, ce que je retiens particulièrement c’est d’avoir façonné mon regard et intégré des gestes précis dans mes mains qui me sont aujourd’hui indispensables.
Ca a aussi été mon premier contact avec la transmission et l’enseignement car nous allions parfois donner des cours aux élèves de l’école de poterie du Fayoum, un endroit idyllique créé par Evelyne et aujourd’hui toujours en activité.
Et la rencontre avec le Burkina Faso?
J’ai toujours été fascinée par la poterie africaine. La beauté brute des objets usuels m’émeut.
Mon cher ami Ahmed Nikiema m’a permis de découvrir le Burkina en m’accueillant chez lui et en facilitant mon intégration. J’ai pu aller à la rencontre des potières Dafi de Tcheriba grâce à la gentillesse et au soutien de Seydou koné et de sa famille. J’ai aussi passé du temps dans le village de Sumiaga, près de Ouahigouya. Puis j’ai travaillé avec Sanata et Téné à Bobo-Dioulasso.
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